Laura PHILIBERT & Pierre BASTARD
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Pourquoi mon bébé pleurait-il autant avant la montée de lait ?


Par Hot Milk

septembre 30, 2019

 

 

L’AVIS DE LA SAGE FEMME

Ingrid Bayot – Formatrice en périnatalité

 

Mieux comprendre le nouveau-né nécessite de se construire une représentation plus juste de ses attentes. Celles-ci sont trop souvent réduites à une « faim » impérieuse, voire douloureuse dans les périodes où il demande très souvent les bras ou le sein. On reste donc dans l’imaginaire du bébé estomac, qu’il faudrait remplir adéquatement.

Or, ça ne tient pas la route : après une période de récupération postnatale où ils ont très bien dormi avec quelques millilitres de colostrum par tétée (en moyenne 7 à 15 ml. à J1), la plupart des nouveau-nés (le plus souvent les 2e et 3e nuits) ont des éveils fréquents, avec une grande demande de proximité, d’interactions et de tétées… Et d’évident signes d’insatisfaction, quoi qu’on fasse.

Avec un imaginaire du bébé-estomac, les mères interprètent ces signes en termes de vide, de faim dramatique, de manque. Ces représentations mettent en doute leur capacité à répondre aux besoins de leur bébé, les stressent et ouvrent la porte au découragement, au doute, … et aux compléments (Préparation Commerciale pour Nourrisson). Leur bébé pleure et veut téter, et il n’y a pas de lait ! Stress maximum, surtout la nuit.

 

Eveils fréquents : signes d’énergie.

Pourtant, ce bébé ne manque pas d’énergie. En effet, se réveiller, bouger, demander, chercher et téter demande de l’énergie. Les éveils fréquents sont plus un signe d’énergie disponible que de manque. Ce n’est pas uniquement le colostrum qui fournit cette énergie au bébé. Bien que ce soit un super-nutricament (anticorps, nutriments facilement assimilables, etc.), il est au départ fourni en petites quantités. Au niveau calorique, ce n’est pas suffisant.

Le nouveau-né, (né à terme de poids normal) avec son gros cerveau très demandeur, puise son énergie dans ses réserves : sa graisse souscutanée mais aussi ses réserves de glycogène (une longue chaîne de glucides complexes) dans le foie et le cerveau. Voilà pourquoi le petit humain est bien plus potelé que tous les autres bébés mammifères terrestres.

Donc, un bébé qui se réveille tout le temps et tète souvent, prouve qu’il a de l’énergie et qu’il n’a pas besoin de complément.

 

Comprendre la frustration

Alors pourquoi ces manifestations de frustration ? C’est là où il faut faire la différence entre les signaux de manque d’énergie (somnolence, peu d’éveils) et les signaux de frustration au niveau des sensations perçues (recherche active, demande fréquente). Durant la vie intra-utérine, le bébé a perçu son environnement et a interagi avec lui. Il est porté et bercé en permanence, il entend tout sortes de sons, de voix ; il bouge, s’étire, touche… Il baigne dans le liquide amniotique, et très tôt, fait des mouvements de succion et déglutition. En fin de grossesse, il avale environ 1/2 L de liquide amniotique par jour, et pas par petites gorgées, mais plutôt par salves de succions/déglutitions parfois visibles lors des échographies. Son estomac, qui est un organe vivant et souple, s’adapte aux contenus qui arrivent.

La clef pour comprendre les attentes et les comportements du nouveau-né, c’est donc de saisir que les empreintes sensorielles intrautérines (des « mémoires »), conditionnent ses attentes sensorielles de l’après la naissance.

Le nouveau-né est véritablement « programmé » pour rechercher et apprécier ces sensations-là : chaleur, arrondi, mouvements permanents, odeurs de maman, succion à volonté et déglutition. Autrement dit, tout est mis en place pour qu’il cherche à coller sa maman, trouve le sein, tète et déglutisse. Téter au sein, c’est le super continuum. Au départ, c’est cette recherche de sensations qui conditionne son attirance pour le sein, puisqu’il ne « sait » pas qu’il doit manger et qu’il n’a jamais vu un sein de sa vie.

Il ne cherche pas tant à satisfaire « une faim douloureuse » qu’à retrouver une globalité de sensations riches et connues. D’où son insatisfaction partielle aux 2e et 3e jours : alors que le liquide amniotique arrivait par grosses gorgées, le colostrum est fourni en petites quantités, un peu à la fois. Le continuum sensoriel étant codé « survie », toute séparation, toute limitation sensorielle, génèrent des protestations véhémentes. C’est difficile (surtout la nuit)… mais utile, comme nous allons le voir.

 

Une étape nécessaire

En effet, cette frustration et les demandes fréquentes qui en résultent, arrivent à un très bon moment. Jusqu’ici, tout le processus de lactation était automatique :développement de la glande mammaire, début de sécrétion de colostrum en fin de grossesse, montée de la prolactine et chute des hormones de grossesse.

Mais la lactogenèse stade 2 (la montée de lait) comporte une phase adaptative, (non automatique) et qui dépend donc de ce qui se passe au sein : il faut que les seins reçoivent l’information qu’un bébé bien vivant tète souvent. Cela permet de s’adapter par exemple à des jumeaux (produire beaucoup) ou à l’inverse… à un triste évènement (limiter puis arrêter la production). La période des éveils agités fréquents constitue en somme « la naissance de l’allaitement ». La mise en route de la lactation, qui se préparait depuis des mois, est optimalisée grâce aussi à la demande pressante d’un nouveau-né momentanément frustré de ne pas retrouver la déglutition accessible et rapide du liquide amniotique.

Sauf que cette période post-accouchement est rarement idyllique. Et si de surcroît la mère (ou la soignante) ne comprend pas ce qui se passe, l’anxiété et la détresse ne sont pas loin.

Pourtant, les mères ne « manquent » pas de lait : leur bébé est en train de le faire venir ! Et si on donne un complément quand même ? Le nouveau-né de 2 ou 3 jours a rarement déjà développé une préférence exclusive pour le sein maternel. Il va donc a-do-rer retrouver la sensation du débit rapide, et enfiler tout le biberon avidement. Ce qui fera croire à tous qu’il avait « horriblement faim », surtout s’il s’apaise et dort des heures par la suite. Une meilleure information des professionnelles et des familles permettrait de positiver ces nuits chahutées et de les accompagner avec plus de sérénité !


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